jeudi 21 mars 2013

La Corée du Nord menace les bases américaines au Japon et à Guam


SEOUL (AFP) - La Corée du Nord a menacé jeudi de frapper les bases américaines au Japon et à Guam en riposte aux vols de bombardiers B-52 au-dessus de la Corée du Sud, celle-ci affirmant par ailleurs que la cyberattaque dont elle a été la cible la veille était partie de Chine.

Washington et Séoul mènent actuellement des manoeuvres conjointes annuelles incluant, selon les Etats-Unis, des vols d'entraînement de B-52, capables d'emporter des bombes guidées de précision, conventionnelles ou nucléaires.

"Nous ne pouvons tolérer que les Etats-Unis réalisent des exercices de frappes nucléaires, en nous prenant pour cibles, et les présentent comme de sérieuses mises en garde", a déclaré un porte-parole du commandement suprême de l'armée nord-coréenne.

Ces manoeuvres, en partie virtuelles, mobilisent des milliers de soldats (10.000 Sud-Coréens et 3.500 Américains). La Corée du Nord considère qu'il s'agit d'une répétition générale pour l'envahir.

"Les Etats-Unis ne devraient pas oublier que la base Andersen de l'Airforce (américaine) à Guam, d'où décollent les B-52, de même que les bases navales sur l'île principale du Japon et sur Okinawa, sont toutes à portée de notre capacité de frappes de précision", a ajouté le porte-parole de l'armée nord-coréenne, cité par l'agence d'Etat KCNA.

Ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis effectuent des vols d'entraînement de leurs bombardiers dans le ciel sud-coréen, mais Washington en a fait cette fois une large publicité afin d'envoyer "un signal très fort" sur son engagement aux côtés de son allié sud-coréen.

"Si l'ennemi nous menace avec des armes nucléaires, nous répondrons par des attaques nucléaires plus puissantes encore", a encore affirmé le porte-parole de l'armée nord-coréenne.

Pyongyang a simultanément placé son armée et sa population sous alerte jeudi, a rapporté le ministère sud-coréen de l'Unification. L'alerte a été transmise à la population via la radio, a précisé à l'AFP un porte-parole du ministère, chargé des relations entre les deux Corées.

"Nous supposons qu'il s'agit de manoeuvres militaires aériennes", a indiqué un autre responsable du gouvernement à Séoul.

Les tensions sur la péninsule coréenne se sont ravivées après le tir réussi en décembre 2012 d'une fusée nord-coréenne, considérée par Séoul et ses alliés comme un missile balistique, suivi d'un troisième essai nucléaire en février puis de nouvelles sanctions votées par le Conseil de sécurité de l'ONU à l'encontre de Pyongyang.

Dans la foulée des sanctions votées à l'ONU le 7 mars, la Corée du Nord a brandi la menace d'une "guerre thermonucléaire" et de "frappes nucléaires préventives".

Face à cette menace, Washington a annoncé un renforcement de sa défense antimissile en déployant 14 intercepteurs supplémentaires sur la côte Ouest.

Le Japon a fustigé jeudi "des actes de provocation" tout en assurant maintenir le cap stratégique fixé avec ses alliés américains et sud-coréens "indépendamment des derniers commentaires de la Corée du Nord".

Pour le chercheur sud-coréen Baek Seung-Joo, les saillies belliqueuses de Pyongyang ne sont qu'une "fanfaronnade" de plus destinée à faire porter à Washington et Séoul la responsabilité de l'escalade.

Sur le front cybernétique de la confrontation intercoréenne, Séoul a annoncé jeudi avoir identifié une adresse IP en Chine comme source de l'attaque menée la veille contre les réseaux informatiques de plusieurs chaînes de télévisions et de banques sud-coréennes.

Par le passé, de telles attaques, imputées à la Corée du Nord, avaient déjà été portées --ou reroutées-- depuis la Chine.

"Pour des raisons géopolitiques, il est pratique pour la Corée du Nord d'utiliser une adresse IP chinoise pour mener ces attaques", la puissance chinoise servant de bouclier à Pyongyang, a souligné Choi Yun-Seong, expert en sécurité à l'institut de recherche public sur les technologies de l'information (Kitri).

"Toutefois, des hackers provenant tant de l'intérieur (Corée du Sud) que de l'extérieur peuvent aussi utiliser (une adresse IP chinoise). Nous ne pouvons certifier que la Corée du Nord soit impliquée", a-t-il indiqué à l'AFP.

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