vendredi 23 janvier 2015

Virginia Roberts, qui dit avoir été une esclave sexuelle pour des hommes riches, promet de tout dévoiler devant la Cour

Le prince Andrew et Virginia Roberts

Visé par des accusations d'abus sexuels sur mineure, le prince Andrew, fils adoré de la reine Elizabeth II, a bien fait d'écourter son séjour à la neige et d'enrôler l'un des avocats les plus fameux du barreau britannique, car la pression s'intensifie sérieusement : la plaignante, Virginia Roberts, n'a pas l'intention de le laisser se défendre par le silence. Elle réclame qu'il témoigne sous serment.

Si le duc d'York prend bien part cette semaine, comme si de rien n'était, au Forum économique mondial organisé à Davos, en Suisse, qu'on ne s'y trompe pas : ce sont plutôt les gazettes judiciaires qui suivent son cas, actuellement. Début janvier 2015, le nom du frère cadet du prince Charles apparaissait dans une plainte déposée devant un tribunal de Floride, dans le cadre d'une procédure visant son ancien proche ami Jeffrey Epstein, milliardaire pédophile condamné en 2008 à 18 mois de prison ferme pour sollicitation sexuelle de mineures. Poursuivi en justice en 2005 par la mère d'une adolescente prise dans le système d'exploitation sexuelle du magnat, Epstein avait vraisemblablement négocié un accord favorable avec les procureurs, lui assurant, ainsi qu'à ses potentiels complices, l'immunité concernant toutes poursuites ultérieures éventuelles. Deux victimes supposées du financier new-yorkais, dénonçant cet arrangement passé à leur insu et à leur détriment, ont engagé une procédure contre les actions des procureurs fédéraux ; rentrée aux États-Unis et installée dans le Colorado après dix années passées quasi incognito en Australie, Virginia Roberts, ancienne esclave sexuelle de Jeffrey Epstein dont il offrait les faveurs à certains de ses amis, a apporté de l'eau à leur moulin en déposant en janvier une motion auprès de la justice floridienne. Dans les documents enregistrés, elle affirme notamment avoir eu des rapports sexuels forcés avec le prince Andrew alors qu'elle était âgée de 17 ans, en 2001, en trois occasions et en trois lieux (à Londres, dans les Îles Vierges et à New York).

"Je voudrais discuter avec vous. Sous serment"

L'histoire de Virginia Roberts, recrutée à 15 ans comme "masseuse" et éduquée pour prodiguer des faveurs sexuelles à Jeffrey Epstein et ses amis, avait initialement été révélée en 2007, par une journaliste du DailyMail. Elle avait refait surface en janvier 2011, juste après que le duc d'York avait été photographié en décembre 2010 à New York, dans Central Park, en compagnie du banquier, sorti de prison quelques mois plus tôt, après avoir purgé 13 de ses 18 mois de réclusion. À nouveau, en janvier 2015, son témoignage ressurgit ; mais cette fois, c'est gravé dans le marbre des annales judiciaires, et Jane Doe #3 - pseudonyme utilisé pour Virginia Roberts - réclame à ce que le duc d'York témoigne sous serment.

Virginia Roberts, qui vit aussi discrètement que possible avec son époux Robert (rencontré en 2002, lors d'un voyage en Thaïlande offert par Epstein pour parfaire ses talents) et leurs trois enfants, en a déjà beaucoup dit. Outre son récit dérangeant, très détaillé et très graphique, des extraits d'un journal intime qu'elle aurait supposément écrit sont encore venus embarrasser dernièrement le prince Andrew, décrit notamment en train de lécher les pieds de la demoiselle. Lequel, toujours muré derrière les démentis catégoriques et répétés de Buckingham Palace, est désormais officiellement prié de s'expliquer. Car si son ex-épouse Sarah Ferguson a pris fait et cause pour lui devant les caméras du Today Show de la NBC, dénonçant avec ardeur des calomnies salaces (tout en faisant la pub du blender responsable de sa nouvelle minceur), le duc d'York, 54 ans, est toujours muet sur le sujet. Aussi les avocats de Virginia Roberts, défendue par le cabinet de Bradley Edwards, ont-il transmis mercredi 21 janvier au tribunal de Palm Beach (Floride), ville où Epstein dispose d'une propriété, une lettre pour solliciter de manière formelle "un entretien sous serment" avec lui : "Au sujet des relations que vous avez eues avec Jane Doe #3 à partir du début de l'année 2001. Jane Doe #3 avait 17 ans à l'époque. L'entretien pourrait avoir lieu au moment et à l'endroit de votre choix. Avec votre aide, je pense que l'entretien pourrait durer deux heures", précise la missive rédigée en date du 14 janvier par l'avocat Jack Scarola, qui a été refusée par son destinataire, selon les conseils de la demandeuse.

La photo qui dérange...

Une photographie désormais fameuse, montrant Andrew enlaçant Virginia par la taille et vraisemblablement prise par Epstein, est incluse au courrier (ainsi que quatre autres clichés, fournis pour corroborer ses dires) : "Entre autres choses, je voudrais discuter avec vous des événements survenus à l'époque où a été prise la photo ci-dessous, et peu de temps après", souligne Scarola. C'est la photo souvenir que Virginia Roberts avait demandé à prendre, "pour montrer à sa mère", lors de sa première entrevue avec le prince Andrew, à Londres, au domicile de Ghislaine Maxwell, amie du fils de la reine et de Jeffrey Epstein, pour qui elle jouait le rôle de mère maquerelle et qui avait repéré, deux ans plus tôt, l'adolescente. Ce soir-là, le quatuor était sorti passer une heure dans un club privé, The Tramp, avant de rentrer. Après quoi, le prince et la jeune femme aurait eu leur premier rapport, d'après ses dires. "J'aimerais aussi discuter des allégations de Jane Doe #3 concernant vos relations ultérieures à New York, plus tard la même année. Le détail de ces allégations a été largement relayé dans la presse britannique (avec des degrés d'exactitude variables), de même que vos démentis, je suppose donc qu'il ne m'est pas nécessaire d'être plus précis", ajoute le magistrat. Virginia Roberts affirme en effet avoir revu le prince Andrew à Manhattan (entrevue confirmée par une autre jeune femme, Johanna), puis une troisième et dernière fois dans une villa des Antilles, où aurait eu lieu une véritable orgie avec plusieurs jeunes femmes russes.

Une semaine avant la requête formelle de ses avocats, Virginia Roberts avait déjà tenté d'obtenir la "coopération volontaire" du prince Andrew pour "répondre à des questions sur des interactions sexuelles" avec elle en lui faisant parvenir directement à Buckingham Palace un courrier, via FedEx. Sans succès. Dans les derniers documents qu'elle a versés à son dossier, la jeune trentenaire, qui affirme avoir été entraînée pour satisfaire tous les désirs de Jeffrey Epstein et s'être assurée d'avoir été à la hauteur avec celui qu'elle nomme simplement Andy, se dit "choquée" par les dénégations "catégoriques" de Buckingham Palace : "J'ai vraiment eu des contacts sexuels avec lui, ainsi que je l'ai décrit... sous serment, réagit-elle. Compte tenu de ce qu'il sait et de ce qu'il a vu, j'espérais qu'il dirait de son plein gré l'entière vérité au sujet de tout cela. J'espère que mes avocats pourront avoir avec le prince Andrew un entretien sous serment à propos de ces contacts et qu'il dira la vérité." Des avocats qu'elle a chargés de "procéder, par tous les moyens raisonnables et légaux, aux poursuites criminelles contre ces gens puissants pour les crimes qu'ils ont commis contre elle-même et d'autres filles". Et si elle en profite pour démentir avoir eu des relations sexuelles avec l'ancien président Bill Clinton (une rumeur venue récemment se greffer à l'affaire), Virginia Roberts est prête à aller encore plus avant dans le déballage graveleux : "Si un juge veut que je présente mes informations de manière plus détaillée, comme des descriptions plus précises des actes sexuels pratiqués avec les hommes auxquels Jeffrey Epstein m'a envoyée, je peux le faire."

Du boulot pour le parrain du barreau

Pour la première fois, des médias ont cette semaine eu accès au libellé exact des allégations de Virginia Roberts dans les documents remis à la cour : "J'ai visité des lieux et voyagé avec Jeffrey Epstein de 1999 à l'été 2002. J'ai souvent eu des relations sexuelles avec lui dans ces endroits, est-il écrit, en corrélation avec les photos fournies. Epstein m'a obligée à avoir des relations sexuelles avec le prince Andrew à plusieurs reprises. J'ai eu des rapports sexuels avec lui trois fois, dont une orgie. Je savais qu'il était membre de la famille royale, mais je l'appelais simplement Andy." "Epstein m'a dit de surpasser tout ce que j'avais appris", écrit-elle ailleurs au sujet de sa première fois, à Londres, avec le duc d'York, affirmant que ses gardes du corps ont fermé les yeux.

Du côté du prince Andrew, dont le statut pose question en termes d'immunité, on continue de démentir formellement toutes ces allégations, par la voie officielle. Le fils de la reine Elizabeth II s'est attaché les services de maître William Clegg, surnommé "le parrain du barreau". On attend toujours qu'il s'exprime personnellement et publiquement, notamment, comme l'ont souligné les avocats adverses, pour expliquer l'existence de la photo le montrant "le bras autour d'une Américaine de 17 ans, un soir à Londres, dans l'atmosphère intime d'une résidence privée" et justifier la présence de Ghislaine Maxwell et de l'auteur de ladite photo. Andrew fera-t-il entendre sa voix à Davos, lors du cocktail qu'il y donne habituellement ? Peut-être pourra-t-il également s'expliquer sur le financement du chalet cossu qu'il a acheté à Verbier avec son ex-épouse, alors qu'il ne dispose pas de revenus officiels et paye sur ses deniers son séjour à Davos...

Sources:

3 commentaires:

  1. Je veux bien croire un temp sois peux à cette histoire, mais cette photo est 100% photoshopé. La tête du prince est découpé tout autour, et l'exposition de lumière sur sont visage n'est pas le même que toute la piece et du visage de Virginia.

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    1. J'ai pris le temps de bien observer la photo et effectivement elle me questionne. Je n'ai pas l’œil ou l'outil pour voir ce que tu vois, mais je trouve les doigts du prince particulièrement rougeâtre, comme si le rouge des jeans de Virginia avait déteint sur ses mains... C'est bien une photo qui a été publiée par les médias britanniques. Une preuve fabriquée qui, si c'est le cas, sera rapidement invalidée devant la Cour.

      Toutefois, je ne peux pas croire que ces réseaux organisés de prostitution juvénile n'existent pas au sein de l'élite de ce monde. Courage à toutes celles et tous ceux qui oseront dénoncer ces abuseurs.

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  2. Je ne met pas en doute ces réseaux pédocriminel. Malheureusement j'y crois. C'est horrible ce qu'ils doivent leur faire vivre. Il n'ont plus de conscience n'y de morale. Paix a l'heure âmes.

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