mardi 15 mai 2012

Grèce : les conséquences d'une sortie unilatérale de l'euro

La crise politique en Grèce fait craindre une sortie de la Grèce de la Zone euro car de nombreux partis sont très hostiles aux mesures d'austérité imposées par la Troïka. Certains envisagent même une sortie de la zone euro et pourraient entrer au Parlement Grec. La difficulté de cette question tient au fait que l'on considère cette situation comme catastrophique alors qu'elle donne l'espoir d'un rebond.

En fait, il faut faire le distinguo ici entre les conséquences économiques négatives immédiates d'une sortie de la zone euro, et les conséquences positives à plus long terme. Il faut être aussi capable de comparer le coût pour les créanciers et citoyens européens, tel un puits sans fond, d'un maintien de la Grèce dans la zone euro, avec ce qu'il en couterait à la Grèce dans le cas hypothétique d'une sortie de la zone euro. Il n'est pas évident de dire que le premier sera forcément inférieur au second.

Dans le cas où elle reste dans la zone euro, les créanciers doivent être remboursés et chaque perte sous la forme d'une décote ou non est un coup dur pour le secteur bancaire exposé. Cette faillite déguisée car interne à la zone euro entraine la nécessité quasi permanente de recapitaliser les banques d'un coté et de faire bénéficier à la Grèce des prêts du Fonds Européen de la Stabilité Financière (FESF) de l'autre. Mais les prêts ne sont que de nouveaux prêts à rembourser. Lorsqu'il n'y a pas de croissance en face, le système est un cercle vicieux connu maintenant avec austérité, baisse des salaires, chômage, et creusement de l'endettement à la clé.

Dans le cas d'une sortie unilatérale de la zone euro, d'abord la Grèce créerait une nouvelle monnaie. La Grèce pourrait retrouver sa politique monétaire. Ensuite, certes la Grèce dévaluerait mais avant il faut qu'elle convertisse ses créances en Drachme (90% de la dette privée est sous droit national). Un peu comme en Argentine en 2001, il y aura à court terme une récession car la fermeture du marché des capitaux oblige à résorber immédiatement le déficit. L'économie étant mono spécialisée il faudra donc une forte dévaluation. Certains économistes estiment à 70% la dévaluation nécessaire. Dans ces conditions, l'inflation augmenterait et le revenu baisserait. Mais au bout de 6 mois, la situation pourrait s'améliorer très rapidement comme en Argentine. La monnaie serait de nouveau acceptée et l'inflation maîtrisée. La production repartirait assez rapidement. Une reprise des exportations dans le domaine touristique, agricole, fret, services liés au commerce permettrait de relancer la production grâce à la baisse du change. L'économie gagnerait en compétitivité par une voie offensive et non par la baisse des salaires (Michel Aglietta 2012).

Quelles en seraient les conséquences pour la zone euro ?

L'essentiel des commentateurs évoque cette question sous le vocable de contagion ou risque systémique. Ici, le problème serait d'éviter la contagion, le risque d'illiquidité bancaire, et d'insolvabilité des Etats. Mais la contagion existe déjà au sein même de la zone euro, il suffit de voir l'évolution des spreads pour s'en convaincre. En revanche si la Grèce rétablit sa monnaie, la perte pour la Grèce est liée à la dette libellée en euro multipliée par la dépréciation. Mais si elle reste dans la zone euro, le coût est la valeur de l'aide à verser à la Grèce et rien ne dit que ce montant actualisé soit forcément inférieur à la dette libellée en euro multipliée par la dépréciation. De Plus, il n'existe pas d'Europe politique ce qui complique toujours davantage l'appel à la solidarité dans une région ou les taux de croissance avoisinent zéro et où aucune perspective réjouissante en termes de croissance n'est envisageable en Grèce. Ces trois derniers points alignés montrent que ces aides deviennent tout simplement de moins en moins crédibles. Certes, rien ne nous dit qu'elle ne fera pas défaut sur le restant de la dette en euro pour une partie, auxquels cas c'est un coût supplémentaire de sortie mais qui serait rapidement compensé par la relance à long terme des exportations. Une sortie de la zone euro pourrait donc être la meilleure solution.


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