La rentrée scolaire a toujours été un projet familial excitant pour toutes les générations passées, un peu stressant, mais somme toute un événement joyeux. Mais là, la rentrée est devenue pour plusieurs parents une épreuve anxiogène qui génère de la confusion, soit un mélange d'inquiétude et de colère.
Je me permets d'écrire ce qui va suivre parce que je travaille en milieu scolaire depuis plusieurs années et parce que j'accompagne les jeunes et leurs parents, au quotidien, dans les difficultés et défis que rencontrent de très nombreuses familles: troubles d'anxiété, de comportement, d'opposition, d'hyperactivité, d'attachement, conflit de loyauté, etc.
Mon objectif ici est d'amener une réflexion concernant les possibles répercussions de nos propos, en tant que parent, sur le vécu scolaire des jeunes enfants et des ados dans le contexte du COVID19.
Bien sûr, la rentrée sera bouleversée par un bris de normalité aussitôt que les enfants vont grimper dans l'autobus: chauffeur barricadé, enfants masqués, profs masqués, rituels d'hygiène des mains, ballons désinfectés, ... la liste est longue.
Des parents sont choqués et inquiets de savoir que leur enfant devra endurer un masque et qu'il sera soumis à une "nouvelle normalité", une réalité contraignante.
👉Je comprends tous ces parents qui sont en colère et qui ont peur, mais je crois que c'est le discours désapprobateur et récalcitrant des parents qui risque d'avoir l'impact le plus négatif sur le vécu émotionnel de leur enfant.
Je m'explique:
Pour un enfant, l'idée de revoir ses amis et de connaître son nouveau prof c'est aussi intense et joyeux qu'une fête d'anniversaire!
Certains types d'enfants sont certainement anxieux de retourner à l'école, plus préoccupés par le virus et par les incertitudes que par la joie de retrouver les camarades, mais ils sont probablement de nature anxieuse et une rentrée normale aurait généré, de toute façon, une forte anxiété.
Je crois que la majorité des jeunes vont très bien s'adapter à ce nouvel environnement et les "mesures contraignantes" vont vite être intégrées et machinales.
Et c'est bien cela qui fait horreur à plusieurs parents: "mon enfant va s'adapter à un monde que je condamne"!
Il est normal d'être outrés par cette nouvelle réalité à laquelle les enfants devront faire face, mais la résistance des parents, quoique probablement légitime, peut créer un sur-stress aux enfants qui ne demandent que de ressentir du plaisir à l'idée de retourner à l'école.
Si votre enfant vous entend constamment chialer et dépeindre très négativement la situation actuelle, il pourrait ressentir une confusion et percevoir une contradiction entre son sentiment d'excitation/joie et votre discours inquiet ou dissident.
Cette dissonance chez votre enfant pourrait augmenter ses tensions et développer des conflits intérieurs: "j'ai hâte de revoir mes amis, mon prof et ma nouvelle classe, mais maman et papa croient que l'école c'est pas correct et que c'est dangereux"...
Votre enfant pourrait même se demander: "si c'est si dangereux d'aller à l'école, pourquoi papa et maman veulent que j'y aille"?
Des parents sont encore indécis face à l'idée d'intégrer ou non leur enfant à l'école. Deux choix distincts semblent possibles: laisser l'enfant faire son parcours scolaire en contexte de crise sanitaire ou bien, demander une exemption de fréquentation scolaire et faire l'école-maison.
Je ne dis pas qu'une option est meilleure que l'autre, mais je suis persuadée que si vous choisissez d'envoyer votre/vos enfants à l'école, vous devez les préserver de propos désapprobateurs vis-à-vis le milieu scolaire et, "jouer le jeu" d'une rentrée agréable même si vous êtes rongés par l'inquiétude et l'indignation. Vous devez vous raisonner!
Si vous faites le choix de faire l'école-maison, c'est dans vos droits, vous devez simplement informer votre commission scolaire qui vous présentera les exigences et les ressources qui sont à votre disposition. Il y a des regroupements d'enseignement à domicile qui peuvent vous guider dans ce projet familial.
Nous vivons des événements extrêmement bouleversants dans toutes les sphères de notre vie et c'est difficile de gérer les incertitudes et angoisses du quotidien. Nous ne pouvons pas soustraire complètement nos enfants de ce "trac du lendemain", de la peur viscérale que nous ressentons face au futur, mais je crois que nous devons leur permettre de déployer leur propre résilience face à tout cela.
Avons-nous d'autres choix?
Isabelle 😍
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire