jeudi 14 février 2019

Trump va déclarer l'«urgence nationale» pour construire son mur


Donald Trump a choisi la confrontation en décidant d'annoncer prochainement l'«urgence nationale» pour financer le mur qu'il a promis à la frontière mexicaine, une procédure exceptionnelle qui menace de provoquer une féroce bataille politico-judiciaire.

Après de longues heures de suspense, le président américain s'est finalement engagé à promulguer un compromis budgétaire obtenu de haute lutte par des négociateurs républicains et démocrates au Congrès, afin d'éviter un shutdown.

Ce texte a été approuvé à une large majorité au Sénat, contrôlé par les républicains, peu après l'annonce que Donald Trump le signerait. Il doit être soumis à la Chambre des représentants, à majorité démocrate, avec un vote attendu vers 21h puis, après son adoption, être transmis au président pour sa promulgation.

Donald Trump «agira aussi par décret - avec en particulier l'urgence nationale - afin de mettre fin à la crise de sécurité nationale et humanitaire à la frontière», a précisé Sarah Huckabee Sanders, porte-parole de la Maison-Blanche.

«Une nouvelle fois, le président tient sa promesse de construire le mur, de protéger la frontière et d'assurer la sécurité de notre grand pays», a-t-elle souligné.

Le chef de la majorité républicaine au Sénat Mitch McConnell a annoncé qu'il soutenait la décision du président de déclarer l'urgence nationale.

Mais cette procédure, autorisant le président des États-Unis à contourner le Congrès pour mobiliser des fonds, hérisse de nombreux parlementaires, y compris certains dans les rangs républicains.  

«Déclarer l'urgence nationale dans ce cas serait une erreur», a ainsi réagi la sénatrice républicaine Susan Collins, qui s'est déjà opposée à Donald Trump par le passé.

D'autres fidèles ont au contraire signalé leur «ferme» soutien, comme le sénateur Lindsey Graham.

Chez les démocrates, l'indignation règne : «un grave abus de pouvoir», «une tentative désespérée de détourner l'attention du fait que le président n'a pas tenu sa promesse fondamentale que le Mexique payerait pour son mur», ont écrit leurs chefs à la Chambre et au Sénat, Nancy Pelosi et Chuck Schumer.  

«Il n'y a pas d'urgence à la frontière» avec le Mexique, avait plus tôt asséné Nancy Pelosi. «Nous allons passer nos options en revue et nous serons préparés à y répondre de façon appropriée», a-t-elle ajouté.  

Des poursuites judiciaires pourraient être lancées.  

Une loi votée en 1976, le National Emergencies Act, autorise le président des États-Unis à invoquer une «urgence» nationale pour activer des pouvoirs extraordinaires, qui permettraient à Donald Trump de contourner le Congrès et de s'appuyer sur l'armée pour construire le mur qu'il réclame.

Plusieurs présidents des États-Unis ont fait usage de ces dispositions mais dans des circonstances différentes. George W. Bush avait notamment décrété l'urgence après les attentats du 11 septembre 2001 et Barack Obama en avait fait de même lors de l'épidémie de grippe H1N1.  

«Finissez le mur»

L'accord voté jeudi ne comprend qu'un quart du budget réclamé par Donald Trump pour construire son mur - 1,4 milliard de dollars contre 5,7 milliards demandés - et ne mentionne pas le mot «mur», préférant «barrière» ou «clôture».

Certains commentateurs et élus ultra-conservateurs, qui ont l'oreille de Donald Trump, ont durement critiqué le texte.

Et le président républicain avait fait savoir son mécontentement face au contenu de cet accord. Mais il semblait vouloir éviter à tout prix une nouvelle paralysie partielle des administrations fédérales.  

Washington a jusqu'à vendredi minuit pour éviter une impasse qui conduirait à l'assèchement soudain des budgets, ou shutdown, de 25% des administrations fédérales.

Au coeur des négociations entre républicains et démocrates : la lutte contre l'immigration clandestine et le budget du mur voulu par Donald Trump.  

Leur désaccord avait déjà précipité en décembre les États-Unis dans le plus long shutdown de leur histoire, plongeant quelque 800 000 fonctionnaires dans la tourmente pendant 35 jours.

Donald Trump avait alors cédé, renonçant temporairement au mur pour sortir du shutdown.  

Grande promesse de campagne, le slogan «Construisez le mur» a porté le républicain jusqu'à sa victoire surprise à la présidentielle de 2016.

Il a pivoté cette semaine vers celle de 2020, qu'il compte bien remporter, avec un nouveau mot d'ordre : «Finissez le mur». Pas question donc d'abandonner sa promesse.

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