La fuite d'eau très radioactive vers l'océan s'accentue sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima.
Des mesures effectuées hier près du rivage montrent des concentrations très élevées d'iode-131 et de césium-137 radioactifs. Avec 300.000 becquerels par centimètre cube d'iode par exemple.
La contamination provient manifestement de l'eau très radioactive qui s'est déversée dans la salle des machines du réacteur n°2. Cette eau interdit tout travail à proximité, car son débit de dose annoncé est de un sievert par heure (l'information n'est pas très claire car on ne sait pas à quelle distance de l'eau la mesure est réalisée). Un échantillon de cette eau a été analysé à 13 millions de becquerels par cm3. Un tel niveau s'explique probablement par la rupture du tore situé à la base du réacteur et qui recueille de l'eau très radioactive qui passe par le réacteur. Une rupture survenue lors d'une explosion d'hydrogène au début de l'accident. Cette eau s'est déversée dans la salle des machine en contrebas.
Pour tenter de stopper cette fuite les équipes cherchent son chemin. Il pourrait passer par une canalisation endommagée.
Pendant ce temps, les travaux de pompage de l'eau faiblement contaminée stockée sur le site vers la mer continuent, afin de libérer des espaces de stockage pour l'eau très fortement contaminée, et ainsi stopper les fuites vers l'océan. Il s'agit des condenseurs situés dans les salles des machines et du stockage commun du site.
L'IRSN a publié hier soir un document plus complet sur cette contamination de la mer par les rejets liquide et aériens de Fukushima, ainsi que des simulations sur la dispersion proche et à grande échelle dans le Pacifique par le Kuroshio (l'équivalent de notre Gulf Stream). C'est ici en pdf. En voici la conclusion :
«A court terme, l’ensemble des maillons des chaînes trophiques marines du domaine côtier proche de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi risque d’être impacté par la pollution radioactive de l’eau de mer. Pour le moment, il est difficile de quantifier l’importance de cet impact, qui peut être très variable en fonction :
- de l’importance et de la poursuite de rejets radioactifs liquides de la centrale nucléaire ;
- des retombées atmosphériques sur la surface de la mer ;
- des apports de radionucléides par le réseau hydrographique drainant les territoires contaminés ;
- du renouvellement des masses d’eaux sur le littoral, etc.
Une attention particulière devra être apportée aux installations aquacoles (algues, mollusques et poissons) situées sur le littoral proche de la centrale nucléaire, même si il est probable que ces installations ont été sévèrement affectées par le tsunami du 11 mars. L'iode a une forte affinité pour les algues brunes qui font l'objet d'une exploitation importante au Japon. Il existe donc un risque de contamination de ce type d’algues par des iodes radioactifs, notamment l’iode 131. Toutefois, compte tenu de la courte période radioactive de ce radionucléide, ce risque ne sera significatif que pendant quelques mois.
À plus long terme, c’est la zone côtière soumise aux apports de radionucléides par lessivage des bassins versants contaminés qui pourraient être impactée par une pollution radioactive persistante.
► Des phénomènes de remise en suspension de sédiments contaminés pourraient également contribuer à maintenir des niveaux de concentration significatifs de certains radionucléides dans l'eau et dans certaines espèces vivantes.
► Des phénomènes d’accumulation dans les espèces vivantes pourraient conduire à des concentrations supérieures à celles mesurées dans l’eau, d’un facteur 10 à quelques milliers suivant le radionucléide et l’espèce considérés (rapport entre les concentrations massiques dans l’espèce et dans l’eau de mer). La capacité d’accumulation dépend du métabolisme de chaque espèce, A titre d’exemples, pour le césium, les facteurs de concentration varient de 50 pour les mollusques et les algues à 400 pour les poissons. Pour l’iode, les facteurs de concentration varient de 15 pour les poissons à 10 000 pour les algues. Ces phénomènes d’accumulation sont de nature à justifier la mise en place de programmes de surveillance radiologique, sur des zones géographiques dont l’étendue devrait être précisée par des études cartographiques à caractère prédictif, des espèces végétales et animales entrant directement ou indirectement dans la chaîne alimentaire humaine.»
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