La France accueille, lundi, la conférence internationale pour la paix et la sécurité en Irak. Cette rencontre doit surtout permettre d'organiser la lutte contre l'organisation de l'État islamique, qui sévit dans la région. Retour sur les enjeux.
Lundi 15 septembre doit se tenir à Paris la conférence pour la paix et la sécurité en Irak, alors que l’organisation de l’État islamique (EI) a annoncé avoir décapité un troisième otage occidental. Cette conférence vise à définir une stratégie internationale pour lutter contre ces jihadistes.
Élimination des sources de financement, d'approvisionnement ou de recrutement de jihadistes, contrôle des frontières mais aussi formation de l'armée irakienne… Paris compte mettre tous les enjeux sur la table.
Quel est l'objet de cette conférence ?
"Le but de cette conférence est de coordonner les aides, les soutiens, les actions pour l'unité de l'Irak et contre ce groupe terroriste", avait précisé le président français François Hollande, lors d'une visite en Irak, vendredi.
L'enjeu est notamment de définir des moyens d'action pour tarir les sources de financement de l'EI, endiguer le flux et le recrutement de jihadistes venus du monde entier et enfin renforcer le contrôle des frontières.
Et justement, la France n’est pas en reste s’agissant des ressortissants partis au jihad. À la veille de cette conférence, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a déclaré au "Journal du dimanche" que 930 individus venant de France étaient impliqués dans des filières jihadistes.
Quel est l'enjeu de cette conférence ?
Elle doit surtout permettre de définir les contours de la coalition internationale, annoncée il y a dix jours par les États-Unis, pour mener "la guerre contre l'État Islamique", selon les termes de la Maison Blanche. Alors que l'offensive de l’EI a plongé l’Irak et la Syrie dans le chaos depuis trois mois, prenant de court la communauté internationale, les Américains multiplient les initiatives pour bâtir une coalition contre le groupe jihadiste.
Une coalition qui s’annonce être un véritable défi pour les États-Unis, tant les voix qui s’élèvent contre l’EI sont divergentes. À cela s’ajoute la rivalité historique entre certains pays de cette région. Cette conférence pourrait donc, surtout, servir à définir une stratégie globale de lutte contre les jihadistes.
Mais pour combattre le groupe terroriste, les États-Unis ont besoin de troupes au sol. Et Washington se heurte à la réticence de pays tels que l’Arabie saoudite ou les Émirats du Golfe, échaudés par le revirement de Barack Obama sur la question syrienne en 2013.
Néanmoins, la volonté "de détruire cette menace" constituée par l'EI est montée d'un cran, dimanche, après la décapitation d'un troisième otage occidental.
Les chances d'atteindre les objectifs fixés ?
Elle sont nulles, selon Romain Caillet, chercheur à l’Institut français du Proche-Orient, interrogé par France 24. "Affaiblir l’État islamique ou lui porter de sérieux coups, c’est tout à fait à la portée des États-Unis. Mais les trente dernières années ont montré qu’il était très difficile d’éradiquer une organisation terroriste."
Et de rappeler : "Depuis plus de treize ans, les États-Unis n’ont pas réussi à éradiquer Al-Qaïda. Donc, je pense que [Washington] ne parviendra pas à éradiquer l’État islamique. Il le forcera peut-être à retourner dans la clandestinité mais cela me paraît très difficile d’extirper leurs racines, comme le disent les responsables américains", estime-t-il.
Qui sera présent ?
La liste des pays présents est aussi floue que celle des participants à la coalition américaine. Près de trente pays feront bien le déplacement à Paris pour cette conférence, dont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Une dizaine de pays occidentaux ont accepté de constituer le noyau dur de cette alliance.
Mais il n'est pas précisé si les pays, qui souhaitent apporter leur aide, sans jouer un rôle clé dans les opérations militaires, participeront à cette conférence. À savoir l'Arabie saoudite, la Turquie, la Jordanie ou encore l'Égypte.
Restent des désaccords – et des tensions – autour de la présence de l’Iran à cette conférence. Le secrétaire d'État américain John Kerry a jugé, vendredi, qu'une participation de Téhéran aux discussions internationales sur la réponse à opposer aux jihadistes de l'EI ne serait pas appropriée. De son côté, la grande puissance chiite a finalement indiqué qu'elle ne souhaitait de toute façon pas y participer.
"Participer à la conférence-spectacle et sélective de lutte contre le terrorisme de Paris ne nous intéresse pas", a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, cité par le site de la télévision d'État.
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