Les relations entre la Russie et la Turquie sont encore très tendues ce lundi soir. Le président russe Vladimir Poutine a accusé lundi Ankara d'avoir abattu la semaine dernière un bombardier russe près de la frontière syrienne afin de protéger le trafic de pétrole auquel se livre l'organisation État islamique (EI). "Nous avons toutes les raisons de penser que la décision d'abattre notre avion a été dictée par la volonté de protéger ces chemins d'acheminement de pétrole vers le territoire turc, justement vers ces ports depuis lesquels il est chargé sur des navires-citernes", a déclaré Vladimir Poutine lors d'une conférence de presse en marge de la Cop21 près de Paris.
"Nous avons reçu des informations complémentaires qui confirment malheureusement que ce pétrole, produit dans les endroits contrôlés par l'EI et d'autres organisations terroristes, est acheminé massivement, de manière industrielle, vers la Turquie", a-t-il poursuivi. Moscou a déjà accusé Ankara la semaine dernière, après le crash d'un Su-24 abattu près de la frontière syrienne par l'aviation turque, de "protéger" les jihadistes de l'EI et de couvrir le trafic de pétrole qui constitue une des principales sources de financement de l'organisation.
"De quelle coalition peut-on parler dans ces conditions"
Selon le président russe, la plupart de ses interlocuteurs en marge de la conférence de Paris ont été d'accord sur le fait qu'il n'était "pas nécessaire" pour les autorités turques d'abattre l'avion russe, qui "ne menaçait pas la Turquie". Vladimir Poutine a en outre rappelé que les pilotes russes écrivaient sur leurs bombes l'inscription "Pour notre peuple" et "Pour Paris", en référence au crash d'un avion civil russe le 31 octobre en Egypte et aux attentats du 13 novembre dans la capitale française. "Et ce bombardier (qui portait ces inscriptions) est abattu par l'aviation turque. De quelle coalition peut-on parler dans ces conditions", a-t-il demandé.
L'idée d'une coalition unique destinée à éliminer l'EI en Syrie a été avancée par Vladimir Poutine et François Hollande, mais peine à se réaliser face aux désaccords sur le sort du président syrien Bachar al-Assad. La grave crise que traversent les relations entre Moscou et Ankara met également à mal ce projet. "Nous défendrons toujours (l'idée d'une coalition élargie), mais nous n'y arriverons pas tant que certains utiliseront des groupes terroristes pour servir leurs intérêts politiques à court terme", a conclu Vladimir Poutine.
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