vendredi 26 octobre 2018

Les autorités américaines ont confirmé vendredi avoir arrêté un suspect en Floride dans l'enquête sur les colis suspects visant des personnalités démocrates et hostiles au président, un sympathisant pro-Trump aux nombreux antécédents judiciaires


Le ministre de la Justice, Jeff Sessions, a confirmé que l'homme arrêté quelques heures plus tôt dans la région de Fort Lauderdale, en Floride, se nommait Cesar Sayoc, et qu'il avait été inculpé de cinq chefs d'accusations fédéraux, y compris l'envoi illégal d'explosifs, qui lui font risquer jusqu'à 48 ans de prison.

Il a été identifié grâce à ses empreintes digitales, retrouvées sur au moins un des paquets, a précisé le directeur du FBI Christopher Wray.  

Treize engins explosifs - composés de bouts de tuyaux en PVC, de fils électriques, de piles et d'un réveil - ont été au total envoyés à travers les États-Unis.  

« Il se pourrait qu'il y ait d'autres paquets », a ajouté M. Wray.

Les autorités n'ont cependant confirmé aucune des informations qui ont émergé ces dernières heures, à savoir que Cesar Sayoc, 56 ans, avait de nombreux antécédents judiciaires, et qu'il avait notamment proféré des menaces d'explosions à la bombe en 2002, qui lui auraient valu un an de liberté surveillée.

Autocollants pro-Trump

Alors que cette affaire a tendu le climat en pleine campagne pour les législatives américaines du 6 novembre, le directeur du FBI a également refusé d'évoquer les possibles motivations du suspect.

Les autorités ont saisi sa camionnette et les médias américains ont montré des images du véhicule recouvert d'autocollants pro-Trump.

« Il est trop tôt à ce stade pour discuter des motivations dans cette affaire », a déclaré M. Wray. « Nous nous préoccupons de tous les gens qui commettent des actes de violence, quelles que soient leurs motivations ».

Le président Donald Trump avait lui aussi refusé d'évoquer toute motivation politique, annonçant cette arrestation un peu plus tôt en ouverture d'une réception à la Maison-Blanche retransmise à la télévision.

Il avait simplement salué « le travail incroyable » de la police fédérale (FBI) et dénoncé des « actes de terreur ignobles ».

« Nous ne pouvons laisser la violence politique prendre racine en Amérique », avait-il ajouté. « Les Américains doivent s'unir et montrer au monde que nous sommes unis, dans la paix, l'amour et l'harmonie ».

S'il se confirme que le suspect était un partisan de Donald Trump, cela risquerait d'attiser encore davantage des tensions déjà très vives à l'approche des élection de mi-mandat, déterminantes pour la suite de la présidence du milliardaire. 

Deux nouveaux paquets vendredi

L'arrestation est survenue vendredi juste après la confirmation par la police de l'interception de deux colis suspects supplémentaires en tous points similaires aux dix déjà retrouvés entre lundi et jeudi, contenant des engins qualifiés de potentiellement explosifs.

Les paquets portaient notamment tous la même adresse d'expédition : celle d'une élue démocrate de Floride, Debbie Wasserman Schultz, dont la circonscription inclut le lieu de résidence du suspect.

L'un a été retrouvé en Floride, destiné au sénateur démocrate Cory Booker, l'autre a été intercepté dans un bureau de poste de Manhattan, adressé à CNN à l'attention de l'ex-directeur des renseignements James Clapper.

MM. Clapper et Booker, cité comme un candidat possible à la présidentielle américaine de 2020, sont tous deux très critiques du président américain.

Ils s'ajoutaient à une liste de personnalités sur laquelle figuraient déjà le financier George Soros, l'ex-président Barack Obama, son ex-vice-président Joe Biden, l'ex-secrétaire d'État et rivale malheureuse de Donald Trump à la présidentielle de 2016 Hillary Clinton, l'acteur Robert De Niro, l'ex-ministre de la Justice de Barack Obama Eric Holder et les élues démocrates californiennes Maxine Waters et Kamala Harris.

« Mauvais pour la dynamique »

Si lors de son allocution vendredi M. Trump a appelé à l'unité, il n'a cessé depuis mercredi de souffler le chaud et le froid sur cette histoire.

Après l'annonce des deux nouveaux paquets du jour, il a d'abord déploré que toute cette histoire puisse nuire à ses candidats à 11 jours des législatives.  

« Les républicains ont de bons chiffres dans les votes par anticipation et dans les sondages, et maintenant cette histoire de "Bombe" surgit et la dynamique ralentit », a-t-il tweeté. « Ce qui se passe est vraiment regrettable. Républicains, allez voter ! », a-t-il ajouté.

Après un premier appel au rassemblement mercredi, il avait repris ses attaques jeudi contre les médias, qu'il accuse régulièrement de vouloir saper sa présidence.

« Une grande partie de la colère que nous voyons aujourd'hui dans notre société est causée par le traitement intentionnellement inexact et imprécis des médias traditionnels, que j'appelle les "Fake News" », avait-il tweeté jeudi.

De nombreux responsables démocrates l'ont accusé au contraire de « cautionner la violence » et d'attiser les divisions.

« Je pense que le président n'a toujours pas mesuré l'importance de la présidence et l'importance de son poste », a affirmé vendredi sur CNN le gouverneur de New York Andrew Cuomo.  

L'acteur Robert De Niro, qui avait insulté Donald Trump lors de la cérémonie des récompenses de Broadway en juin, a appelé les citoyens opposés à Trump à se mobiliser pour les législatives. « Il y a quelque chose de plus puissant que les bombes, c'est votre bulletin de vote. Les gens DOIVENT voter », a-t-il indiqué vendredi dans un communiqué.

De Niro n'a aucune leçon ni aucune recommandation à donner au peuple américain avec un discours aussi intimidateur et violent. Ce message haineux est passé dans les médias en faisant rire et sourire les journalistes et ces mêmes journalistes se scandalisent à chaque tweet politiquement incorrect de Donald Trump.


Ce qu'on sait sur le suspect

Se faisant également appeler Cesar Altieri, le suspect est né le 17 mars 1962 et avait un casier judiciaire en Floride, où il habitait dans la ville d'Aventura, au nord de Miami.

En 2002, il avait été inculpé pour une menace à la bombe, selon les archives judiciaires du comté de Miami-Dade consultées par l'AFP. Il avait écopé d'une peine d'un an avec sursis.

Cesar Sayoc portait une casquette rouge marquée du slogan de Donald Trump « Rendre à l'Amérique sa grandeur » (« Make America Great Again ») sur une photo qu'il avait publiée sur son compte Facebook.  

Dans des tweets souvent décousus et mal orthographiés, accompagnés de nombreux retweets de photomontages rudimentaires, Cesar Sayoc appelait ces derniers jours à voter républicain le 6 novembre, lors des élections parlementaires qui seront déterminantes pour la suite du mandat de Donald Trump.   Et voilà, le lien avec Trump et le parti républicain est fait! 

Dans ses derniers messages, il éreintait le candidat noir au poste de gouverneur en Floride, Andrew Gillum, dénonçant son incompétence supposée au poste actuel de maire de Tallahassee et l'accusant sans aucune preuve d'être à la solde du financier et donateur démocrate George Soros.

Originaire de Hongrie, le milliardaire juif est la cible régulière des adeptes de théories du complot et des nationalistes, en Europe et aux États-Unis. Cesar Sayoc lui avait dédié de nombreux tweets.  

Le « meilleur » président

« Joyeux anniversaire meilleur commandant en chef perturbateur qui secoue Washington dans tous les sens », avait-il écrit pour l'anniversaire en juin de Donald Trump, qui est commandant en chef de l'armée américaine. « Merci pour tout ce que vous faites et contre tout le monde et pas être arrêté jamais. Tout droit et construisez le Mur génial ».

D'autres messages font référence à Debbie Wasserman Schultz, une élue démocrate dont l'adresse avait été notée sur les colis comme en étant l'expéditeur. Dans ses tweets, Cesar Sayoc avait d'ailleurs mal épelé son nom de famille en employant le même orthographe, « Shultz », que sur les colis piégés.

Des tweets ciblaient également le sénateur Cory Booker et l'élue de la Chambre des représentants, Maxine Waters, tous deux également visés par des paquets.  

Cesar Sayoc semble avoir utilisé au moins deux comptes Twitter : @hardrock2016 et @hardrockintlent, où il écrivait respectivement sous les noms « Cesar Altieri » et « Julus Cesar Milan ».

Son dernier tweet, sur @hardrock2016, date de mercredi, le jour où la plupart des colis ont été découverts.  

Sur l'un de ses comptes Twitter, il se décrit comme un ancien joueur professionnel de football, lutteur et pratiquant un sport de combat en cage.

Il dit avoir fait des études vétérinaires à l'université en Caroline du Nord, sur son profil LinkedIn. Il aurait voulu être « un docteur pour les chevaux » car il a « toujours aimé les animaux qui étaient là en premier et ne font jamais rien à personne », écrit-il.

Cesar Sayoc fait également référence à de nombreuses reprises à la tribu amérindienne Seminole sur Twitter, tandis que sur LinkedIn il mentionne des origines philippines, en affirmant notamment que son grand-père était un chirurgien de renom originaire de l'archipel.  

Il y affirme également avoir travaillé pour l'hôtel et casino Hard Rock tenus par la tribu Seminole à Hollywood en Floride, mais ces derniers ont affirmé dans un communiqué n'avoir « aucune preuve » qu'il y ait vraiment travaillé ni qu'il appartienne à la tribu.

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