TOKYO — La Corée du Nord a commencé à injecter du carburant dans les réservoirs de sa fusée qu'elle veut lancer à la mi-avril malgré les appels de la communauté internationale à renoncer à ce projet, qui a conduit les Etats-Unis à suspendre leur aide alimentaire.
"Le lancement se rapproche. Il est probable que la date soit fixée au 12 ou au 13 avril", a déclaré une source proche du gouvernement nord-coréen au quotidien japonais Tokyo Shimbun paru jeudi.
A Séoul, le ministère sud-coréen de la Défense n'a voulu faire aucun commentaire.
Pyongyang avait semé la consternation en annonçant le 16 mars le lancement d'une fusée longue portée transportant un satellite à usage civil, entre le 12 et le 16 avril, pour commémorer le centième anniversaire du fondateur de la Corée du Nord, Kim Il-Sung. Le sujet a dominé les discussions en coulisse du sommet consacré au nucléaire, qui vient de se tenir à Séoul, en présence de Barack Obama.
Les Etats-Unis et leurs alliés dénoncent un tir déguisé de missile, en infraction aux résolutions de l'ONU, qui interdisent à la Corée du Nord de procéder à des essais nucléaires ou balistiques.
L'annonce nord-coréenne intervenait quelques jours après que Pyongyang se fut engagé auprès de Washington sur un moratoire de ses lancements de missiles, essais nucléaires et activités d'enrichissement d'uranium, en échange d'une aide alimentaire américaine.
Un accord qui semble désormais caduc. Washington a indiqué mercredi soir avoir suspendu les livraisons d'aide.
"Nous avons été forcés de suspendre notre assistance alimentaire à la Corée du Nord" en raison de la décision du Nord de lancer une fusée, a déclaré Peter Lavoy, adjoint au secrétaire à la Défense chargé des affaires asiatiques, devant des élus du Congrès.
"L'accord interdisait explicitement aux Nord-Coréens de lancer des missiles et nous leur avions indiqué que le lancement d'un satellite serait interprété comme un lancement de missile car il utilise la même technologie", a expliqué Peter Lavoy aux parlementaires.
Les Etats-Unis s'étaient engagés à livrer 240.000 tonnes d'aide alimentaire (huile végétale, légumes secs et repas préparés), destinés aux enfants et aux femmes enceintes, sous de strictes conditions de surveillance afin que l'aide ne soit pas détournée au profit de l'armée.
Le haut responsable du Pentagone n'a pas précisé si les livraisons avaient effectivement débuté mais il a jugé que la suspension du programme était notamment due "au manque de confiance dans les mécanismes de contrôle destinés à s'assurer que l'aide alimentaire va aux personnes qui meurent de faim et non à l'élite du régime".
La Corée du Nord souffre de pénuries alimentaires chroniques et a connu une famine meurtrière lors de la deuxième moitié des années 90, qui a tué des centaines de milliers de personnes selon les ONG.
A Pyongyang, l'agence officielle du régime stalinien KCNA a affirmé que le satellite devait lui permettre de mieux évaluer l'état des cultures et de relever des données météorologiques.
Cet engin de fabrication nord-coréenne, un satellite de 100 kg, suivra "une orbite héliosynchrone" à 500 km d'altitude et dispose d'une autonomie prévue de deux ans, a expliqué un haut responsable du Comité coréen pour la technologie spatiale, cité par KCNA.
La Corée du Nord a invité des experts spatiaux et des journalistes étrangers à assister au tir, afin de "prouver la nature pacifique de ce lancement d'un satellite scientifique et technologique d'une manière transparente".
La Corée du Sud et le Japon ont prévenu qu'ils pourraient détruire en vol le lanceur nord-coréen s'il menaçait leur territoire.
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