Washington a cherché à accentuer la pression lundi sur Pyongyang avec de nouvelles sanctions économiques, au moment où la tension était à son comble dans la péninsule coréenne sur fond de manoeuvres militaires au Sud et de menaces d'attaque nucléaire par Pyongyang.
Le dirigeant de Corée du Nord Kim Jong-Un a désigné une petite île sud-coréenne proche de la frontière maritime entre le Sud et le Nord comme première cible en cas de conflit, a rapporté mardi la presse officielle nord-coréenne.
L'île de Baengnyeong sera la première visée par l'armée nord-coréenne, a annoncé Kim, lors d'une visite de casernes militaires proches de la frontière lundi, premier jour des manoeuvres militaires conjointes menées par Séoul et Washington et vivement condamnées par Pyongyang.
Le département américain du Trésor a décidé de prendre des sanctions contre la banque nord-coréenne du commerce extérieur (FTB), le but étant selon les Américains d'assécher les rentrées de devises utilisées par Pyongyang pour financer ses programmes nucléaire et balistique.
"Pour obtenir l'aide dont elle a tellement besoin et le respect qu'elle prétend désirer, la Corée du Nord devra changer de trajectoire", a prévenu le conseiller de sécurité nationale du président Barack Obama, Tom Donilon.
De son côté, le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney a concédé que les Etats-Unis étaient "préoccupés par la rhétorique belliqueuse de la Corée du Nord", mais prévenu que le pays n'obtiendrait "rien par la menace ou la provocation".
La Corée du Sud et les Etats-Unis - qui comptent 28.500 soldats dans le sud de la péninsule - ont lancé deux semaines de manoeuvres baptisées "Key Resolve". Celles-ci sont majoritairement virtuelles, mais elles mobilisent des milliers de soldats (10.000 Sud-Coréens et 3.500 Américains).
Comme tous les ans, Pyongyang a condamné ces exercices qu'il assimile à l'invasion du Nord par le Sud aidé de Washington.
Ces manoeuvres interviennent après une semaine de très fortes tensions sur la péninsule: Pyongyang a menacé la semaine dernière de dénoncer dès ce lundi l'accord d'armistice mettant fin à la guerre de Corée en 1953, brandi la menace d'une "guerre thermonucléaire" et averti les Etats-Unis qu'ils s'exposaient à une "frappe nucléaire préventive".
Aux sources de ce contexte explosif, le tir réussi en décembre d'une fusée considérée par Séoul et ses alliés comme un missile balistique, suivi d'un troisième essai nucléaire en février puis de nouvelles sanctions votées vendredi par le Conseil de sécurité de l'ONU.
Après le vote de l'ONU, le régime nord-coréen a fait savoir qu'il considérait désormais comme nuls et non avenus "tous les accords de non-agression entre le Nord et le Sud" et le Rodong Sinmun, le quotidien du parti communiste nord-coréen, a annoncé dans son édition de lundi "la fin complète" de l'accord d'armistice.
Mais un porte-parole de l'ONU a affirmé lundi depuis New York que cet armistice "est toujours valable et toujours en vigueur" et que "les termes de l'armistice ne permettent pas à l'une ou l'autre des parties de s'en libérer de manière unilatérale".
Les experts rappellent que Pyongyang a déclaré nul et non avenu l'armistice une dizaine de fois ces vingt dernières années.
Le ministère sud-coréen de l'Unification - chargé des relations entre les deux voisins - a annoncé lundi que le Nord semblait avoir mis en oeuvre une autre de ses menaces, la suspension du téléphone rouge entre Pyongyang et Séoul, lien de communication en cas d'urgence.
Menaces, bravades et démonstrations de force sont habituelles de part et d'autre de la ligne de démarcation coréenne depuis la fin de la guerre fratricide il y a 60 ans, mais certains observateurs jugent la situation si tendue que le moindre incident pourrait avoir des conséquences graves.
Selon le ministère sud-coréen de la Défense, le Nord prépare pour cette semaine des manoeuvres interarmées. Les casernes situées sur les îles nord-coréennes proches de la frontière maritime - contestée par Pyongyang - ont placé leurs canons en position d'attaque, ont indiqué des responsables du ministère.
L'armée "est prête à mener une guerre totale", avait lancé vendredi le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un tandis que son allié chinois a appelé "au calme et à la retenue", exhortant les antagonistes à "s'abstenir de toute action susceptible d'aggraver les tensions".
La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye, entrée en fonction il y a deux semaines, avait de son côté jugé la situation "très grave" et promis de répondre "fermement" à toute provocation du Nord. La Maison Blanche a donné lundi de nouveaux gages de soutien à Mme Park en annonçant qu'elle serait reçue en mai par M. Obama à Washington.
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