Une semaine après une première tentative ratée, qui prévoyait l'instauration d'une taxe sur tous les dépôts bancaires, un accord a été trouvé, dans la nuit de dimanche à lundi 25 mars, entre le président chypriote et ses bailleurs de fonds internationaux pour parvenir à un plan de sauvetage de Chypre.
Selon la directrice générale du FMI Christine Lagarde, il fournit "un plan complet et crédible pour traiter les défis économiques auxquels est confronté le pays". Il "met fin aux incertitudes concernant Chypre et la zone euro", a assuré pour sa part le chef de file des ministres des finances de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. "Le résultat est équitable pour toutes les parties en présence", a encore estimé le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble.
FERMETURE DE LA DEUXIÈME BANQUE DU PAYS
Le nouvel accord maintient la première banque du pays, Bank of Cyprus. Si les petits dépôts seront intégralement préservés, les détenteurs d'actions, d'obligations et les dépôts au-dessus de 100 000 euros subiront des pertes pouvant aller jusqu'à 40 %. L'idée d'une taxe sur tous les dépôts bancaires, prévue dans le premier plan, avait suscité un tollé.
"Les dépôts sécurisés seront mis dans une 'good bank', les autres dans une 'bad bank' [structure de défaisance]. Les dépôts non sécurisés de plus de 100 000 euros seront gelés et participeront à la recapitalisation nécessaire", a précisé lors d'un point de presse le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble.
L'accord prévoit par contre le démantèlement pur et simple de la banque Laïki, deuxième établissement du pays. En échange de la mise en place de ces mesures, les bailleurs de fonds (Union européenne et Fonds monétaire international) accorderont au pays une aide de 10 milliards d'euros, le montant annoncé il y a une semaine.
"LE MEILLEUR RÉSULTAT POSSIBLE"
"Ce sera très difficile pour le pays" mais la Commission européenne "fera tout son possible pour alléger les conséquences sociales" de ce plan, a précisé le commissaire européen aux affaires économiques, Olli Rehn.
Le plan de sauvetage doit encore être approuvée d'ici mi-avril par plusieurs Parlements de pays de la zone euro, dont l'Allemagne. Les autorités chypriotes, qui ont fait voter vendredi une loi sur les résolutions bancaires, n'auront par contre pas besoin de repasser devant le Parlement pour adopter le nouveau plan de sauvetage. Le premier versement de l'aide devrait avoir lieu début mai.
Le ministre des finances chypriote, Michalis Sarris, n'a pas encore donné de date pour la réouverture des banques du pays, fermées depuis dix jours. "Il faut trouver un équilibre entre prudence et stabilité", a-t-il estimé. L'accord évite selon lui "la possibilité d'une banqueroute", "le désastre et une sortie de la zone euro". "Nous avons abouti au meilleur résultat possible compte tenu des circonstances", a-t-il ajouté.
Interrogé sur la réaction des Russes à cet accord, qui les affectera par la restructuration du secteur bancaire – Bank of Cyprus compte beaucoup de déposants russes –, il a reconnu que "nombre de nos partenaires internationaux loyaux sont très déçus".
"VOUS VOULEZ ME FORCER À DÉMISSIONNER ?"
Le président chypriote, Nicos Anastasiades, qui s'était rendu dimanche à Bruxelles, s'est pour sa part dit "satisfait" de l'issue des négociations, en quittant le Conseil européen tôt lundi matin.
M. Anastasiades s'est entretenu de longues heures avec les présidents du Conseil européen, Herman Van Rompuy, de la Commission, José Manuel Barroso, de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, ainsi qu'avec la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde.
Ces discussions, dont l'objectif était de faciliter une "solution pour Chypre" avant l'Eurogroupe convoqué dans la foulée, se sont avérées déterminantes pour trouverun accord. Les tractations ont été très complexes et ont duré toute la soirée. M. Anastasiades a même mis sa démission dans la balance. "Vous voulez me forcerà démissionner ?", aurait-il demandé aux responsables de la troïka (UE, BCE, FMI), selon l'agence de presse chypriote CNA, citant des sources au palais présidentiel. "Si c'est ce que vous voulez, dites-le moi", a-t-il ajouté. Un haut responsable du gouvernement chypriote, cité par l'agence CNA, a fustigé l'attitude"rigide" du FMI, qui formulait "chaque demi-heure une nouvelle exigence".
Le temps jouait pourtant contre la petite île méditerranéenne. "Il s'agit d'aiderChypre et de nous aider nous-mêmes car la solution trouvée aura des implications pour tous les pays de la zone euro" avait ainsi prévenu le ministre des finances luxembourgeois, Luc Frieden, avant la réunion.
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