La Russie a rassemblé en Méditerranée orientale sa plus imposante force navale depuis le déploiement du porte-avions Kuznetsov fin 2016. Selon Moscou, pas moins de 25 bâtiments de combats, appuyés par d’importantes forces aériennes, sont mobilisés. Des manœuvres qui se concentrent au large de la Syrie et, sous couvert d’exercices, visent clairement à soutenir et protéger le régime de Damas contre d’éventuelles frappes occidentales.
Les troupes de Bachar el-Assad se préparent en effet à lancer une vaste offensive dans la province d’Idleb, ultime grand fief des rebelles syriens. Alors que les Nations Unies redoutent un bain de sang et la pire catastrophe humanitaire depuis le début de la guerre civile en Syrie, une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU aura lieu demain au siège de l’institution à New York. Dans le même temps, un sommet crucial se déroulera sur la question à Téhéran, où vont se rencontrer les présidents iranien, russe et turc, les trois pays ayant un rôle clé dans le conflit syrien.
Si l’offensive sur Idleb est lancée, la communauté internationale craint l’emploi de solutions chimiques. En avril dernier, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni étaient intervenus suite à l’utilisation de telles armes à Douma, dans la Ghouta orientale, une action qui avait été attribuée aux forces de Bachar el-Assad. En représaille, les marines et aviations avaient détruit différentes installations du régime syrien, présentées comme des sites de production et de stockage d’armes chimiques. Une bonne partie des missiles de croisière employés à cette occasion par les trois pays l’avaient été depuis des navires des marines américaine et française.
Alors que Washington a promis de « répondre rapidement et de manière appropriée avec (ses) alliés » au cas où Damas recourrait à des armes chimiques, la présence voulue comme dissuasive de la flotte russe, cette fois déployée en masse au large de la Syrie, complexifie évidemment la donne.
La force navale russe assemblée au cours des dernières semaines en Méditerranée orientale offre des capacités de surveillance et de combat significatives. La flotte de la mer Noire, à laquelle est traditionnellement dévolu ce secteur, où la marine russe dispose pour mémoire d’un point d’appui dans le port syrien de Tartous, est bien entendu largement mobilisée. Avec en particulier deux de ses nouvelles frégates du type Krivak IV, les Grigorovitch et Essen, la troisième de la série (Makarov), fraîchement livrée, ayant quitté la Baltique en août pour rallier la Méditerranée. Ces bâtiments sont notamment dotés de missiles de croisière Kalibr, déjà employés par la marine russe pour traiter des cibles en Syrie.
Il en va de même pour le Vyshniy Volochok, l’une des nouvelles corvettes du type Buyan-M de la flotte de la mer Noire, qui est également sur zone. Idem pour les nouveaux sous-marins du type Kilo, dont deux exemplaires seraient en position. Fin août, la frégate Pytliviy (type Krivak II) a également franchi les détroits turcs avec deux bâtiments de débarquement, ce type de navires servant régulièrement à acheminer du matériel militaire entre Sébastopol et Tartous. Parmi les autres bâtiments russes déployés, il y a aussi des renforts venus de la flotte du Nord, dont le croiseur Marshal Utsinov (type Slava) et le destroyer Severomorsk (type Udaloy).
Les marines occidentales, de leur côté, maintiennent de manière permanente des moyens en Méditerranée orientale, afin de suivre l’évolution de la situation en Syrie et être si besoin en mesure d’intervenir. Alors que la Marine nationale compte actuellement au moins une frégate dans le secteur, l’US Navy doit prochainement renforcer sensiblement ses moyens en Méditerranée avec l’arrivée du groupe aéronaval conduit par le porte-avions USS Harry S. Truman, qui a quitté sa base de Norfolk le 31 août.
En dehors des unités maritimes, les alliés disposent également dans la région de puissantes forces aériennes. Et pour la France, en plus de ses points d’appui au Levant et aux Emirats, la capacité de lancer si elle le souhaite des raids aériens depuis le territoire hexagonal, comme elle l’a fait en avril dernier, complétant avec les Rafale de l'armée de l'Air les missiles de croisière navals (MdCN) des frégates du type FREMM déployées au large de la Syrie.
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https://www.meretmarine.com/fr/content/une-armada-russe-se-deploie-devant-la-syrie
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