Le président Donald Trump a annoncé mardi le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 avec Téhéran, les puissances européennes, la Russie et la Chine. L'Iran, vivement opposé à cette décision, souhaite rester dans l'accord, mais n'écarte pas l'idée de reprendre ses activités d'enrichissement d'uranium.
Donald Trump a mis sa menace à exécution. Il promettait depuis longtemps de « démanteler » un accord qu'il juge « désastreux ».
« Lorsque je fais une promesse, je la tiens », a indiqué mardi le président américain.
« L'accord était censé protéger les Américains et leurs alliés, mais il a permis à l’Iran de continuer d’enrichir de l’uranium », a-t-il dit lors d’un discours à la Maison-Blanche.
C’est un accord à sens unique qui n’aurait jamais, jamais dû être fait. Donald Trump, président des États-Unis
Donald Trump a par ailleurs annoncé le rétablissement de sanctions contre l'Iran, et promet de « graves » conséquences s'il se dote de la bombe nucléaire.
Il a aussi ajouté que « tout autre pays qui aide l’Iran dans sa quête d’armes nucléaires pourrait aussi être ciblé par des sanctions américaines ».
Les États-Unis ne seront pas tenus en otage par du chantage nucléaire.
Que dit l’accord sur le nucléaire iranien?
L’accord a été conclu à Vienne en juillet 2015 entre l'Iran, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Chine) et l'Allemagne.
Il est entré en vigueur le 16 janvier 2016.
L'accord prévoit une levée progressive et conditionnelle des sanctions internationales imposées à l'Iran, en échange de la garantie que Téhéran ne se dotera pas de l'arme atomique.
Conformément à ce qui est prévu par l'accord, l'Iran a réduit à 5060 le nombre de ses centrifugeuses en activité servant à enrichir l'uranium (contre 10 200 au moment de la signature de l'accord) et s'est engagé à ne pas dépasser ce nombre pendant 10 ans.
Les sanctions
Dans un communiqué publié mardi, le Trésor américain a précisé que les sanctions américaines viseront notamment le secteur pétrolier iranien, les exportations aéronautiques vers l’Iran, le commerce des métaux et les transactions en dollars avec la banque centrale iranienne.
« Au sein de la zone économique couverte par les sanctions, aucun nouveau contrat n'est autorisé », a indiqué le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton.
Pour ce qui est des anciens contrats conclus en Iran, les sanctions entreront en vigueur après une période de transition de 90 à 180 jours.
« [C’]est une manière de donner aux sociétés l'occasion de sortir » du pays, a expliqué M. Bolton.
« Par exemple, dans le cas d'achat de pétrole iranien, si c'est un contrat avec des dispositions de long terme, ils ont six mois, trois mois, ou une autre période entre les deux pour se retirer avant l'entrée en vigueur des sanctions », a-t-il poursuivi.
« Nous voulons mettre le plus de pression économique possible sur l'Iran et lui refuser l'accès aux revenus qu'il aurait eu » sans retrait américain, a ajouté John Bolton.
Téhéran menace de reprendre ses activités nucléaires
À la suite de l’annonce de M. Trump, le président iranien Hassan Rohani a prévenu que son pays pourrait mettre un terme aux restrictions qu'il a consenties sur ses activités d'enrichissement d'uranium.
« J'ai ordonné à l'Organisation iranienne de l'énergie atomique de prendre les mesures nécessaires […] pour qu'en cas de nécessité, nous reprenions l'enrichissement industriel sans limite », a déclaré M. Rohani lors d’une allocution à la télévision iranienne.
« Nous attendrons quelques semaines avant d'appliquer cette décision », en fonction du résultat des discussions entre Téhéran et les autres partenaires de l'accord, a-t-il ajouté.
En sortant de l'accord, l'Amérique a officiellement sapé son engagement concernant un traité international.
Hassan Rohani, président de l’Iran
Hassan Rohani a cependant souligné que son pays souhaite continuer à respecter l'accord de 2015 sur son programme nucléaire.
« Si nous atteignons les objectifs de l'accord en coopération avec les autres parties prenantes de cet accord, il restera en vigueur », a-t-il dit.
Une décision regrettée en Europe et au Canada
Le président français Emmanuel Macron a fait savoir sur Twitter que « la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni regrettent la décision américaine de sortir de l’accord nucléaire iranien ».
« Le régime international de lutte contre la prolifération nucléaire est en jeu », poursuit-il.
Nous travaillerons collectivement à un cadre plus large, couvrant l’activité nucléaire, la période après 2025, les missiles balistiques et la stabilité au Moyen-Orient, en particulier en Syrie, au Yémen et en Irak.
Emmanuel Macron, sur Twitter
« J'estime que la décision de mettre l'accord en péril sans qu'il y ait eu violation de la part de l'Iran est une grave erreur », a pour sa part déclaré Barack Obama, qui était président des États-Unis lorsque l’accord a été signé en juillet 2015.
La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères, Federica Mogherini, a quant à elle rappelé que l'accord est un « pilier » pour la sécurité mondiale.
« L'accord nucléaire est crucial pour la sécurité de la région, de l'Europe et du monde entier », a indiqué Mme Mogherini, qui avait contribué à la conclusion de l'entente. Elle a d’ailleurs appelé les signataires à continuer de la respecter.
De son côté, la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland a indiqué que « le Canada regrette que les États-Unis aient décidé de se retirer » de l’entente.
L’accord « n’est pas parfait, » souligne Freeland, dans un communiqué. « Il a toutefois permis d’endiguer une menace réelle à la paix et à la sécurité internationale », ajoute-t-elle.
Il ne faut pas permettre à l’Iran de développer des armes nucléaires. Grâce [à l’accord], le programme nucléaire iranien a été assujetti à un régime de vérification international rigoureux et sans précédent sous la gouverne de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Chrystia Freeland, ministre canadienne des Affaires étrangères
Des appuis d'Israël et de l'Arabie saoudite
Quelques minutes seulement après l’annonce de Donald Trump, le président israélien Benyamin Nétanyahou a déclaré en direct à la télévision publique qu’il soutenait « totalement » la décision « courageuse » du président américain de « rejeter le désastreux accord nucléaire » avec l’Iran.
Il avait affirmé à la fin avril, avec documents à l'appui, qu'Israël détenait des preuves des « mensonges » de l'Iran sur ses activités nucléaires.
L'Arabie saoudite a aussi salué la décision de Donald Trump de rétablir les sanctions contre l'Iran.
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