En Turquie, le président Erdogan a multiplié ces derniers jours les accusations contre l'Europe et les Etats-Unis. Les partenaires occidentaux d'Ankara sont, aux yeux du président turc, coupables de complicité dans le putsch raté du 15 juillet dernier. Recep Tayyip Erdogan a tenu ce mardi 2 août son discours le plus violent des dernières semaines à l'encontre des Occidentaux.
Le discours accusateur du président turc visait l'ensemble des Occidentaux. Recep Tayyip Erdogan estime que son pays n'a reçu aucun soutien, ni pendant les premières heures du putsch, ni par la suite, indique notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette. Pire encore, « ceux que nous croyions être des amis ont soutenu le terrorisme, ils ont même pris le parti des putschistes », accuse le chef de l'Etat turc.
Lors de ce discours très violent, le chef de l'Etat a laissé entendre que le putsch avait été programmé depuis l'étranger. « Cet événement n'a pas été planifié seulement depuis la Turquie, a-t-il martelé. Je vais le dire franchement : les acteurs de mouvement putschiste étaient ici, mais le scénario de ce putsch a été rédigé à l'étranger ! »
Faire pression sur les Etats-Unis
Il s'agit d'une allusion directe à l'imam Fethullah Gülen qui vit toujours aux Etats-Unis et qu'Ankara souhaiterait faire extrader. Mais ce commentaire alimente également les thèses que l'on peut lire ces derniers jours, notamment dans la presse pro-gouvernementale, sur la participation de la CIA et de certains généraux américains dans la planification du putsch. Ces accusations sont peut-être lancées justement pour mettre la pression sur Washington et obliger les Etats-Unis à extrader Fethullah Gülen en signe de bonne foi.
Cette nouvelle accusation intervient au moment où se termine la visite sur place du chef d’état-major des armées américaines, le général Dunford. Le Pentagone dresse pourtant de la visite du général en Turquie un bilan positif, rapporte notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio. La base d’Incirlik, dans le sud-est du pays, continuera d’être accessible aux avions américains pour mener les raids contre le groupe Etat islamique et le chef d’état-major des armées a promis de relayer la demande d’extradition de Güllen aux plus hautes autorités.
Colère turque, inflexibilité américaine
« Nous avons reçu des documents, je ne sais pas combien, je ne connais pas leur contenu, a déclaré John Kirby, porte-parole du département d’Etat américain. La justice est en train de les analyser. Je l’ai déjà dit, c’est un processus qui peut durer longtemps. Par ailleurs, nous ne discutons pas les dossiers personnels en public. Même si nous avons là un cas particulier avec les appels répétés du gouvernement turc ».
Les relations entre Ankara et Washington ne vont pas se simplifier, malgré le communiqué rassurant. Car la colère des Turcs ne fera pas changer les règles appliquées aux États-Unis. Le département d’Etat reçoit la demande et le ministère de la Justice est en charge de l’examen du dossier d’extradition, qui passera ensuite par un filtre politique.
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