Dans une relative discrétion, un grand changement est en train de se produire dans le sud-est de la Turquie. Les Etats-Unis ont commencé à retirer l’armement nucléaire américain entreposé dans la base d’Incirlik pour les transférer dans d’autres bases américaines situées en Roumanie. La base d’Incirilik accueille notamment des chasseurs-bombardiers US, quelque mille-cinq cent soldats et surtout entre 50 et 90 bombes nucléaires tactiques B-61 (sur les 200 réparties en Europe par l’OTAN) qui sont entreposées dans des bunkers souterrains près des pistes de décollage.
D’après des sources militaires, la décision de l’Administration Obama de retirer cet armement du territoire turc serait la conséquence de l’échec des pourparlers américano-turques quant à l’avenir de cette base et de sa sécurité.
Sur ordre du président Recep Erdogan après la tentative de putsch raté, les forces turques avaient fait le siège de la base et interrompu l’approvisionnement en électricité, obligeant les équipements américains de la base à fonctionner à partir de générateurs internes. Le commandant turc de la base, accusé d’avoir fait partie des putschistes avait été arrêté par les hommes des forces locales loyales au président Erdogan. Ce dernier réclamait des Américains de lui céder le contrôle de l’armement nucléaire entreposé dans la base, demande que Washington a catégoriquement refusé.
Un rapport du think tank américain Stimson Center sur cette question etimait que «stocker approximativement cinquante armes nucléaires américaines dans cette base revient à jouer à la roulette russe« ! Un point de vue que partage Steve Andreasen, ancien conseiller à la Défense de la Maison Blanche, qui a signé dans le Los Angeles Times une tribune intitulée «Sortons nos armes nucléaires de Turquie».
Il ne faut pas oublier que la base d’Incirlik est située à une centaine de kilomètres à peine des premières zones de combat en Syrie. Récemment, plusieurs articles faisaient part de la crainte croissante des Américains que cet armement tombe un jour entre de mauvaises mains, l’Etat Islamique pour ne citer que lui. Le rapport du Stimson Center indiquait entre autre que « la Turquie, en proie à un manque la stabilité, ne peut pas actuellement assurer la sécurité d’armes nucléaires sur son territoire » et « qu’il est impossible de savoir si les États-Unis auraient pu maintenir le contrôle sur les armes en cas de guerre civile prolongée en Turquie».
Au mois de mars, le Pentagone avait déjà ordonné, pour des raisons de sécurité, l’évacuation des familles des soldats, ainsi que du personnel civil de la base.
Et parallèlement à cette démarche américaine et suite au réchauffement des relations entre Ankara et Moscou, des informations en provenance d’Ankara comme de Moscou indiquent que l’armée de l’air russe pourrait à terme utiliser cette même base d’Incirlik abandonnée par le Américains.
Avec un regard de recul, ce qui se passe dans cette région de la Turquie pourrait être ni plus ni moins un remplacement de la présence américaine par la présence russe dans cette zone stratégique. C’est un pion de plus placé par Moscou sur l’échiquier du Moyen-Orient, après la Syrie et l’Iran, alors que les Etats-Unis retirent leur arsenal nucléaire de la Turquie.
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