samedi 27 janvier 2018

Le mouvement anti-vaccination, menace sérieuse et organisée aux États-Unis

* Voici la démonstration que la multiplication des publications et témoignages de parents qui attestent de la dangerosité des vaccins fait son chemin et influence une portion de plus en plus importante de la population. Mais ne crions pas victoire puisque les "anti-vaccins" sont identifiés comme des "dangers à la santé publique" et des lois d'obligation vaccinale, déjà en place dans plusieurs pays, vont forcer les parents à vacciner leurs enfants sous peine de ne plus les voir intégrer le système scolaire.

Joe Accurso, un chiropraticien de 47 ans, refuse de faire vacciner sa fille contre la polio, la rougeole ou la coqueluche. Il juge que ces maladies infectieuses ne sont en réalité pas dangereuses et pourraient même être salutaires pour son enfant.

«Je suis en vérité déçu qu'elle ne puisse pas avoir l'occasion d'attraper la varicelle et d'autres maladies qui rendraient son organisme plus résistant et cela est pour nous la principale raison» de rejeter les vaccins, explique-t-il dans un entretien à l'AFP.

Joe Accurso et son épouse Cathy, une kinésithérapeute, font partie d'un groupe minoritaire aux États-Unis qui revendique la possibilité de choisir en matière de vaccination.

Ces parents, dont un grand nombre sont Blancs, avec une formation universitaire et appartiennent à la classe moyenne supérieure, choisissent ainsi de ne pas faire vacciner leurs enfants contre des maladies infectieuses ayant fait des millions de morts pédiatriques.

Pour eux, ces infections ne sont pas si terribles comparées aux dangers des vaccins qui, pensent-ils, sont dissimulés au public au nom des profits des laboratoires pharmaceutiques.

Ces parents sont aussi influencés par les soi-disant lanceurs d'alerte médicaux selon lesquels les données sur l'efficacité des vaccins ont été manipulées. Ils pensent aussi que l'augmentation du nombre de cas d'enfants négativement affectés par la vaccination est dissimulée.

Nourris par une méfiance envers la communauté médicale, plus de sept millions d'Américains suivent notamment sur les différentes pages Facebook tout ce qui se dit sur les vaccins, écrivait en décembre Richard Stein, un cardiologue de l'université de New York, dans la revue médicale Germs.

«Les théories du complot véhiculées sur les médias sociaux abondent et prospèrent, elles sont dans leur âge d'or», déplorait-il.

L'éradication de la rougeole endémique a été déclarée en 2000 aux États-Unis. Au niveau national, seulement 2% des enfants de maternelle n'ont pas été vaccinés ces dernières années, estiment les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

Mais le danger provient de poches de population non vaccinée qui créent des zones où disparaît l'effet d'immunité collective.

À titre d'exemple, dans le Minnesota, le taux de vaccination des enfants contre la rougeole, les oreillons et la rubéole dans la communauté somalienne est tombé à 42% en 2014 contre 92% en 2004.

Les militants anti-vaccins «prêchent surtout dans des populations vulnérables» comme celle-ci, explique Peter Hotez, directeur du centre de vaccination à l'hôpital pour enfants du Texas.

«Un des faux arguments clé du mouvement anti-vaccin est d'affirmer que la rougeole est une maladie bénigne, voire bénéfique», dit-il à l'AFP. De telles idées sont «délibérément trompeuses et erronées» et ont des conséquences bien réelles.

La rougeole peut rendre sourd, aveugle, faire enfler le cerveau et provoquer une pneumonie, rappelle-t-il et, selon les CDC, un ou deux enfant(s) sur mille infectés en meur(en)t.

Aux États-Unis, parmi les récentes flambées de rougeole, figure celle dans une communauté Amish de l'Ohio en 2014 avec 383 cas. En 2015, 118 personnes ont été infectées aux États-Unis et les autorités sanitaires pensent que l'infection a débuté avec un visiteur malade du parc Disney en Californie.

La chercheuse australienne Naomi Smith pointe du doigt les médias sociaux qu'elle soupçonne de perpétuer le mouvement anti-vaccin.

Elle vient de finir une étude sur la manière dont Facebook peut créer «des filtres» qui conduisent souvent les sceptiques en matière de vaccination à voir leurs idées confortées sur les pages qu'ils suivent.

Ceux qui sont fortement hostiles à la vaccination «ont une autre définition de la preuve que celle utilisée par la communauté médicale», explique-t-elle à l'AFP.

Parmi les solutions, M. Hotez préconise un plus grand engagement public des scientifiques. Il faudrait aussi, dit-il, se pencher sur les législations: 18 États américains autorisent actuellement les parents à ne pas faire vacciner leurs enfants, notamment au nom de convictions religieuses.

Après la flambée de rougeole de Disneyland, la Californie a par exemple modifié ses lois. Désormais, seules des raisons médicales peuvent permettre l'exemption de vaccination pour les enfants scolarisés.

Des mesures qui doivent être élargies, juge M. Hotez, car les anti-vaccins «se sont plus aujourd'hui un groupuscule, mais un mouvement bien organisé auquel il faut s'opposer frontalement».

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