* Voici un texte que j'ai rédigé dans le cadre de mon travail, publié en lien avec l'article précédent qui concerne l'annonce du CDC à l'effet qu'il y aurait actuellement 20% des enfants américains [permettez-moi de croire que ce pourcentage est plus élevé] qui sont diagnostiqués d'une maladie mentale.
De nombreux parents ont à subir le regard désapprobateur de leur entourage parce qu’ils ont un ou des enfants qui ne se sont pas « selon la norme ». « La norme » pourrait se définir comme étant les conduites jugées acceptables en société, les attentes du milieu social et familial. Les parents y sont tôt ou tard confrontée et ce, à travers le jugement des autres et suite à l’évaluation que font les institutions de nos enfants. « La norme », établie de façon tacite, c’est d’avoir des enfants qui vivent des réussites scolaires, qui ont un comportement adapté en classe et dans le quotidien, qui sont actifs, serviables, obéissants et polis!
De plus en plus d’enfants et d’adolescents se voient accoler des étiquettes parce qu’ils n’agissent pas selon « la norme », parce qu’ils ne répondent pas aux exigences et attentes du milieu scolaire et familial. Certains d’entre eux ont de réelles problématiques cognitives et comportementales qui nécessitent des soins spécialisés. Toutefois, ce qui devient inquiétant c’est de constater qu’un enfant qui manifeste des difficultés d’apprentissage ou des difficultés d’adaptation est rapidement étiqueté, diagnostiqué et souvent médicamenté.
Par exemple, un enfant qui ne veut pas aller à l’école et qui fait des crises à tous les matins souffre de phobie scolaire. Un enfant qui est incapable de rester assis calmement pendant plus de 10 minutes, qui manipule constamment des objets et qui exprime un fort besoin d’activité physique souffre d’hyperactivité. Un enfant qui réagit avec intensité à un changement, à une agression ou à une injustice souffre d’impulsivité. Un enfant qui est souvent dans la lune et qui a de nombreux échecs scolaires souffre d’un déficit d’attention. Un enfant qui est contestataire, qui questionne les règles et l’autorité souffre d’un trouble d’opposition.
Est-ce qu’un enfant ne pourrait-il pas tout simplement être différent de « la norme » sans devoir être marginalisé?
Est-ce que nous, en tant qu’adultes, parents et éducateurs, souhaitons « fabriquer » des individus « usinés » selon des paramètres standardisés? Sommes-nous en train d’assister au « moulage » d’une génération d’enfants à partir d’un modèle unique parce que nous avons établi que le conformisme est une valeur sûre qui garantit l’accomplissement personnel et la réussite sociale? La décision de vouloir palier à toutes les difficultés de l’enfant pour, disons-nous, faciliter son développement et assurer son adaptation future ne comporte-t-elle pas un risque élevé à moyen et long terme? N’y-a-t-il pas un danger de créer un état de dépendance chez nos jeunes face à ce qui semble être devenu une « dynamique de dopage», au lieu de favoriser des mécanismes de défense qui se développent naturellement devant l’adversité? Bien sûr, certains enfants et adolescents ont des problématiques qui nécessitent un traitement médical. Cependant, les chiffres nous montrent une augmentation alarmante des prescriptions de la famille du Ritalin. Connaissons-nous réellement les conséquences psychiques et physiques de l’utilisation de la médication à moyen et long terme?
Si nous portons un regard lucide et honnête sur nos propres vies d’adulte, sur notre destination actuelle en tant que société, sommes-nous réellement convaincus et fiers de l’héritage que nous allons léguer à nos enfants? Si nous regardons les choses en face, en toute humilité, nous ne pouvons ignorer qu’un pourcentage de plus en plus important de personnes n’arrivent plus à « joindre les deux bouts » parce qu’elles se sentent incapables de répondre aux exigences et contraintes de la vie quotidienne. Nous vivons dans un monde de plus en plus hostile qui génère un fort niveau de stress et qui exige une forte capacité à surmonter les épreuves. En voulant protéger nos enfants, en souhaitant leur éviter les échecs, les difficultés, les déceptions et les frustrations, ne sommes-nous pas en train de créer des êtres dépendants, éduqués selon une vision erronée de la réalité, selon un faux système de valeurs qui risque de créer la déception, la désillusion et la mésadaptation chez nos jeunes?
Il ne faudrait pas oublier que nos enfants nous observent et qu’ils constatent …
Pouvons-nous accepter que nos enfants puissent être différents et croire qu’ils seront capables de relever leurs propres défis comme nous avons su relever les nôtres? Laissons donc à nos enfants le droit d’être différents…
Bravo Isabelle ! Je suis professeur au collège et je dois dire que votre article dit le fond de ma pensée et de mon ressenti. Votre article est plus qu'utile et nécessaire dans une école malade. Merci
RépondreSupprimerGilles
PS: Je ne sais pas si vous connaissez déjà Sir Ken Robinson, mais ceci devrait vous plaire, et j'espère enrichir votre réflexion.
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=iG9CE55wbtY
De la part de gouvernants psychopathes ça fait marrer de les entendre juger des enfants. Qu'ils commencent par se faire soigner et les enfants et le peuple iront mieux.
RépondreSupprimerUne caricature de notre système d'éducation:
RépondreSupprimerhttp://www.thelandscapeoflearning.com/2012/09/please-climb-that-tree.html
Je rencontre dans mon métier de plus en plus d'enfants qui ont de grandes difficultés pour faire des choses basiques. Certains semblent démunis psychologiquement pour résister à de très petites contrariétés. Les difficultés d'apprentissage dû à des "dys" (dyscalculie, dyspraxie, dyslexie, etc...) sont de plus en plus nombreux, et obligent à mettre en oeuvre des méthodes par ordinateur.
RépondreSupprimerIl me semble que tout ceci ne peut absolument pas être réglé à coup de médicaments.
La vulnérabilité familiale, à la fois sa désagrégation, sa représentation, l'absence de la maman qui est au travail, les heures de sommeil tardif, les soirées passées à tuer du zombies sur les jeux vidéo, les soucis financiers, etc...me parait bien plus déterminant.
Ramenons le calme dans les familles durement éprouvées, rétablissons des rôles clairs de chacun, donnons du boulot pour tout le monde, et nous aurons déjà beaucoup moins de problèmes.
J'ai remarqué aussi que depuis la disparition de la foi en Dieu, la peur de la mort hante beaucoup les enfants, certains ne pensent même qu'à ça. Leur avoir retirer l'espoir d'une vie après la mort produit de grand dommage.